mardi 28 juin 2011

La dernière séance

Viiiite, c’est ce soir que Jérémie dit au-revoir à Taïwan et à son blog abandonné adoré ! Alors prenez place tranquillement, préparez les mouchoirs (faites comme ça vous chante mais moi j’en aurais besoin) et venez assister à mon discours d’adieu à un pays, un peuple, un morceau de vie qui changera la mienne jusqu'à ce que mort s’en suive (je vous avais prévenu, sortez les mouchoirs !).



Comme je le suggérais, malgré un abandon constaté et constatable de mon blog (Jour de temple #3 et 4, vous êtes où ?) je comptais tirer ma révérence par écrit sur cet espace de partage que vous avez été nombreux à suivre pendant ces 5 derniers mois. Même si j’ai été un peu mollasson du clavier et que j’aurais pu m’abstenir d'agissements dignes des plus hauts représentants de l’aristocratie la démocratie française en balançant des promesses à tout va sans montrer aucune crédibilité en retour, je suis tout de même heureux d’avoir partagé ces montagnes de souvenirs avec vous. Et puis arrêtons un peu avec l’autoflagellation en public, et laissez-moi vous dire qu’avant tout ce fut un réel plaisir de m’amuser à griffonner (ou tapoter) quelques bribes de phrases pour vous faire vivre ce voyage aussi fidèlement que possible.

D’ailleurs, si vous avez suivi un peu, vous aurez surement compris, et n’en soyez pas fâchés, que le premier des plaisirs fut celui de découvrir et non pas de retranscrire. Alors maintenant il est temps que je m’incline devant… je ne sais qui, alors disons devant TOUT ce qui a rendu cette expérience possible. La rendre possible c’est une chose, mais la rendre incroyablement belle et riche  comme elle fut c’en est une autre. Le principal responsable de cette réussite humaine est sans hésitation le Peuple de Taïwan. C’est à lui que reviennent mes premiers remerciements. Enfin remerciement, je trouve le mot beaucoup trop faible et formel pour témoigner de toute la reconnaissance, le respect et la fascination que j’éprouve à l’égard des Taïwanais. C’est grâce à eux que j’ai suivi un extraordinaire apprentissage humain. Je ne fais pas la fine bouche en sous-entendant que les paysages à couper le souffle que j’ai découverts ne marqueront pas ma mémoire (qu'Alzheimer m'en préserve), mais je suis certain qu’avec le temps ma mémoire bâtira un mémorial en l’honneur du peuple Taïwanais et de leur accueil. Je ne me lasserai jamais d’en faire des louanges, car pour le coup, c’est vraiment la moindre des choses que je puisse leur rendre. Alors chapeau bas, mes respects, bravo, et tout ce que vous voulez, mais MERCI Peuple de Taïwan.

Je vous l’ai dit, je me dois de remercier une autre grande responsable dans ce qui changera ma vie et mon regard sur ce qui m’entoure. Elle m’a montré toute sa beauté dès mes premières intentions de partir à sa rencontre. Elle m’a offert sa générosité à chaque décision de découvrir ce qu’elle raconte. Planète Terre, Mère Nature ou Création Divine, appelez-la comme vous vous voudrez mais c’est devant elle que je m’incline à nouveau.



Dans une douzaine de jours tout cela finira. Mon séjour en Malaisie risque certainement de renforcer mon amour pour le continent asiatique. Amour qui sera plus que jamais difficile de vivre à distance depuis ma terre d’asile, la France. Amour qui provoquera, tôt ou tard, un retour vers ce bout de monde à qui je ne dis pas Adieu, mais Au revoir.




mercredi 8 juin 2011

Jour de temple [2/4] : Wat Pho.

Heureusement qu’on a mis moins de temps pour visiter Bangkok que moi pour vous raconter ce que j’y ai vu. J’étais plein de bonne volonté quand j’ai commencé ma petite série « Jour de temple », je me disais que j’arriverais à être un peu plus régulier, que cette histoire serait pliée en une petite semaine… Quand je vois où j’en suis une semaine plus tard j’en ai presque honte. Je confesse ma part de fainéantise dans cette histoire mais il faut savoir que j’ai trouvé d’autres occupations depuis quelques jours. J’organise mon ultime périple en Malaysie pour le mois de juillet en mode Couchsurfing, je prends le temps d’achever mon tour de Taïwan avec, par exemple, la descente des gorges de Taroko le weekend dernier. Au passage je vous promets un article très bientôt sur ce site d’exception qui me laisse encore rêveur…

Revenons à moutons et parlons un peu du deuxième temple qu’on a vu à Bangkok. Wat Pho (prononcez Po) est situé dans le quartier historique de la ville, sur la rive Est du Chao Phraya presque en face de WatArun. D’ailleurs on pourrait passer des journées dans ce quartier qui abrite quasiment un temple à chaque coin de rue. Notre temps étant compté on s’est dirigé vers les plus « attractifs » et Wat Pho est plutôt pas mal dans son genre. D’une superficie de huit hectares, c’est un peu un condensé de Grand Palace, dont je vous avais parlé à mes débuts, et de Wat Arun que je ne vous présente plus. On y trouve des bâtiments aux toitures dorées qui scintillent de mille feux sous les rayons solaires, on se perd au milieu de rangées de colonnes couvertes de mosaïques multicolores. Mais sa principale particularité est qu’il héberge un Bouddha couché long de 45 mètres et haut de 15 mètres. Entièrement recouverte de feuilles d’or, cette statue représente Bouddha sur son lit de mort avant d’accéder à l’état de Nirvâna (« je te renseigne, si ça t’intéresse pas rentre chez toi » comme dirait Dieudo). 










Je regrette le peu de temps qui nous a manqué pour faire le tour de fond en comble de ce monument car c’est, selon moi, le plus impressionnant de Bangkok. Le moindre pas foulé sur le sol de cette enceinte de merveilles est une dose puissante d’enchantement qui, comme l’ami Bouddha, n’est pas loin de vous faire atteindre le Nirvâna. C’est un incontournable de Bangkok pour lequel j’encourage tous ceux qui passeront par la capitale Thaï à s’y rendre.


PS : désolé pour la qualité médiocre de la vidéo qui a subi le "traitement" de Blogger...

dimanche 29 mai 2011

Jour de temple [1/4] : Wat Arun.

N’ayez craintes, cet article n’a rien d’une propagande vouée au Bouddhisme et ses innombrables lieux de culte qui ne finiront jamais de me fasciner. Non, ce nouveau post marque le début d’une série d’articles découverte des temples de Bangkok. Oui car ce que je ne vous ai pas dit c’est qu’après notre passage au Cambodge (je sais, ça commence à dater…), Juliette et moi avions décidé de rester à Bangkok pour les quatre jours qui me restaient avant de repartir pour Taïwan. Quatre jours ce n’est pas assez pour faire le tour de cette ville gigantesque, mais suffisant pour voir les plus belles surprises qu’elle réserve.
De tous les temples d’Asie que j’ai vus, ceux de Bangkok sont de loin les monuments qui me laisseront la plus forte impression. Je m’en serais donc voulu de ne pas vous en montrer quelques images.


Nous avons attaqué notre tournée des temples par Wat Arun, diminutif de Wat Arunratchawararam Ratchaworamahavihara (le Temple de l’Aube). Il est situé sur la rive droite du fleuve Chao Phraya qui traverse toute la ville du Nord au Sud.
Mes connaissances en architecture bouddhiste sont bien trop faibles, voire nulles, pour  tenter de vous expliquer ce que représente les colonnes de ce temple. Mais je suis prêt à parier que ça ne vous empêchera nullement d’apprécier la finesse de ses mosaïques et la belle vue qu’il offre sur la ville.










Comme à Angkor, nous avons été victimes d’un soleil légèrement agressif. Faut dire qu’on a été peu maso sur ce coup là : plein après-midi de mois de mai à Bangkok (période la plus chaude de l’année), visite d’un temple à ciel ouvert, autrement dit exposition au soleil sans répit… Mais le moins qu’on puisse dire c’est que ça en valait la peine.  

mercredi 18 mai 2011

Merveilles du Cambodge. Eveil de la conscience. Réveil de ma plume !

Vous ne pouvez pas le voir à travers cette écriture formatée, mais mes mains sont tremblantes. Elles sont fébriles comme une paire de jambes en haut d’une piste qui n’a pas vu de poudreuse depuis quelques années. Et cette question qui résonne dans la tête : « Comment je m’y prends pour réattaquer ? ».

Tout ce silence, qui se traduit par un chômage littéraire pas tout à fait involontaire (serais-je aussi atteint de ce mal franco-français, le « cancer de l’assistanat » ?), m’impose donc de repartir sur de bonnes bases. La légèreté des mots qui sortent impétueusement, des phrases qui se construisent naturellement pour former un article à peu près présentable se perd vite. Je reconnais avoir ma part de responsabilité dans cet abandon temporaire de rédaction mais les circonstances après mon retour du Cambodge étaient légèrement aggravantes. Rattrapage de cours, études de cas à tout va, entretiens Skype pour un stage… Un retour en force en somme ! Au détriment de mon blog qui manquait cruellement d’actualisation comme la victoire manquait au Stade Rennais en cette fin de saison. Ce dernier weekend fut donc celui du réveil : un nouvel article inattendu et une victoire inespérée.


Séjour au Cambodge = Visite des Temples d’Angkor

Je pense que personne ne peut déroger à cette règle. Quand bien même certains voudraient se soustraire à ce fondement presque mathématique pour affirmer une sorte d’anticonformisme touristique, ceux-ci se tromperaient copieusement. Angkor, qui fut pendant des siècles une éminente cité du continent asiatique, est une pépite qu’il serait franchement idiot de louper. C’est pourquoi nous avons choisi d’en faire notre première étape au Cambodge.

Conduits par notre « tuk-tuk man » perso, nous arrivons sur le premier et le plus impressionnant de tous les temples d’Angkor : Angkor Wat.
Symbole de toute la nation, ce temple s’avère aussi être le plus vaste monument religieux au monde. Sa somptueuse silhouette vous attire naturellement et vous fait presque oublier cette lourde chaleur qui s’abat sur vous. Pas à pas vous approchez de l’édifice après une marche, ponctuée de pauses photographiques, pour traverser le cours d’eau et les jardins qui l’encerclent. Une fois dedans, on ne sait par quel bout commencer. Alors on se laisse guider par son instinct, les yeux grands ouverts on admire les innombrables galeries, statues, sculptures…

Une première visite qui place donc la barre très haut. Une visite qui suscite aussi cette question : Pourquoi ne nous parle-t-on jamais de ce grand nom de l’Histoire  à l’école ? Franchement, ça fait bizarre de le découvrir tout en prenant conscience qu’on ignore tout de son passé. Qui a bâti cette cité monumentale ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?
Heureusement aujourd’hui on a Wikipédia, alors pour ceux qui se posent les mêmes questions, vous connaissez la marche à suivre. Et pour ceux qui ont juste envie d’en voir quelques photos, c’est là-dessous.









Trois bouteilles d’eau et quelques kilomètres plus tard nous arrivons à Angkor Thom. En fait c’est là que l’ancienne cité médiévale avait été bâtie. On a du mal à se rendre compte que près d’un million de personnes y vivait (à l’époque où Londres comptait 50.000 habitants…) étant donné que seuls quelques temples et palais ont survécu. On aperçoit des ruines de je ne sais quoi par endroit, mais pas grand chose qui ne laisse imaginer la puissance de la capitale de l’ancien Empire Khmer.

Parmi les temples qui n’ont pas été complètement détruits, celui qui mérite vraiment le détour est Bayon. Le roi un peu mégalo de l’époque qui ordonna sa construction aurait demandé que chacun des visages sculptés sur les tours du temple lui ressemble. Manière originale d’immortaliser son passage au pouvoir.









Le soleil n’est pas votre ami lors de cette visite. En plus de vous cramer la nuque il amoindrit sérieusement vos capacités physiques. Vous ne vous éternisez donc pas à Angkor Thom où les coins d’ombre se font rares. Mais vous appréciez l’étape suivante, Ta Prohm, un temple construit en plein milieu de la forêt. La forêt qui apparemment veut montrer que c’est elle la plus forte car les ruines du temple sont littéralement piétinées par de géantes racines d’arbre.







Enfin il y a ce temple dont j’ai oublié le nom, que les bœufs aiment côtoyer pour paître sur son gazon ou se recueillir auprès de Bouddha peut-être.  C’est la seule chose que j’ai retenue de cette dernière étape. Fatigue et climat trop agressif pour nos organismes sensibles sont les responsables de ce désenchantement pour Angkor.
Désenchantement peut-être, mais cette journée ne m’a laissé que de beaux souvenirs. Et croyez-le, si c’était à refaire, j’y retournerais sans l’ombre d’une hésitation !








De la route, encore de la route, toujours de la route.

Après Angkor c’est à Phnom Penh, la capitale, que notre voyage s'est poursuivi. Il nous a fallu pas loin de sept heures de car sur des routes sportives avec un chauffeur qui klaxonne toutes les trois secondes. La fatigue était palpable à notre arrivée. Fatigue qui s’est vite transformée en énervement puisque après avoir posé un pied hors du bus, je faisais face à une foule de chauffeurs de tuk-tuk qui gueulaient tous plus fort les uns que les autres pour nous proposer leurs services. Enfin proposer, tout est relatif. Alors que certains vous choppent par le bras, d’autres choisissent la technique de l’acharnement et vous suivent à la trace sur une centaine de mètres  tout en répétant « Tuk-tuk Sir ? Where do you go ? Tuk-tuk Sir ? ». Bienvenue à Phnom Penh !

Le soir même, on pensait déjà à notre départ car honnêtement Phnom Penh c’est pas ce qu’on fait de mieux comme ville touristique. Cependant, on a quand même voulu visiter le musée de l’ancienne Prison S-21 avant de partir. En fait, ce musée est là pour rappeler la cruauté du régime de Salot Sar, dit Pol Pot, qui a complètement anéanti le pays. Ce régime s’est soldé par un génocide du peuple cambodgien et l’enfoncement du pays dans une misère sans nom. Cette même question est revenue : « Pourquoi on ne nous dit jamais rien à l’école de ce drame de l’Histoire ? ».   

Ce genre de visite fait froid dans le dos, mais j’ai aussi envie de dire que c’est un passage obligé pour tout visiteur du Cambodge. C’est une visite qui éveille la conscience, qui fait plus que jamais réfléchir et qui inspire un profond sentiment de compassion envers les cambodgiens. Cette prison, autrefois école, était en fait le QG de Pol Pot et ses bourreaux. Le théâtre des pires atrocités jamais commises pour faire parler les « conspirateurs de la révolution ». 

L’émotion est forte quand vous croisez le regard des anciens prisonniers dont on a exposé les clichés. L’incompréhension vous tourmente quand vous entrez dans les cellules à peine plus grandes qu’un cercueil. Ce qui laisse imaginer le sort que l’on réservait aux détenus, hommes, femmes et enfants compris. Sept personnes ont échappé à ce destin cruel alors que vingt mille autres ont péri sous la torture dans cette prison.





 
Quelques heures après ce choc émotionnel nous reprîmes la route vers Battambang, petite ville au Nord du pays. Au revoir Phnom Penh et re-bonjour les routes pourries. Plus de chauffeur fou du klaxon mais cette fois on a eu droit au karaoké dans le bus. Après cinq heures de route et autant de variet’ khmère dans les oreilles on retrouve nos amis les « tuk-tuk man » plus que jamais décidés à nous emmener avec eux. Résigné, je les ignore alors que Juliette essaye de leur faire comprendre qu’ils sont pénibles. C’est qu’ils sont tenaces les chauffeurs de tuk-tuk à Battambang. Presque autant qu’à Phnom Penh. On choisit donc celui qui semble avoir une bonne tête et direction l’hôtel pour une douche qui se faisait désirer.

Tout beau tout propre, on part se faire une petite balade dans la ville pour constater que, comme à Phnom Penh, ambiance et animation ne sont pas folles. Après la tombée de la nuit, n’en parlons plus. La ville se désertifie, les rues s’emplissent d’obscurité, les bruits d’insectes, crapauds ou autres bestioles deviennent les seuls signes de vie…  Bref, il est temps d’aller se coucher quoi.

Le lendemain matin on a choisi de prendre le « Bamboo train ». Ce moyen de locomotion sur rail est tout aussi original qu’archaïque. Assis sur une planche de bambou, elle-même montée sur deux essieux métalliques posés sur les rails, un petit moteur vous propulse à travers le paysage vert et très rural du Cambodge. Les secousses sont nombreuses, tout comme les moucherons gobés. Après une escale dans un petit village et la rencontre de deux bouts de choux qui nous ont fait la visite d’une fabrique de poteries, nous sommes repartis à bord train de bambou vers Battambang où le bus pour Bangkok nous attendait. 









Arrivée à Bangkok après sept heures de route (encore !) et fin du périple cambodgien. Malgré un début en fanfare avec la visite des temples d’Angkor, notre séjour ne nous pas enchantés autant qu’on l’espérait. Le Cambodge est encore un pays très pauvre qui s’ouvre petit à petit aux touristes. Ce qui explique certainement le manque d’animations et activités dans certaines villes. Mais c’est un séjour que nous ne regrettons absolument pas car il a été vraiment enrichissant et bien sûr très beau. Nous regrettons seulement notre manque d’organisation préalable qui nous a valu plus de vingt sept heures dans les transports en quatre jours… C’est aussi une des explications à notre mini déception. Mais pour ça, on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Donc, petit conseil pour les futurs Cambodia-trotters : organisez-vous ! Bon vent.


jeudi 28 avril 2011

60 jours, 60 nuits

Vous vous rappelez de cette émission produite par Canal en 2003 ? Mais si, celle qui nous faisait découvrir les vies passionnantes de Joey Starr et Fancis Lalanne tous les soirs en clair. Celle qui nous offrait des grands moments de télévision comme cette fois où l’ami Starr nous montrait tour l’amour qu’il éprouve pour son singe.


Ça y est, ça vous revient ? Tant mieux car ce dont je vais vous parler n’a aucun rapport. Le seul lien entre ce genre d’hommage à la débilité, véritable gangrène télévisuelle dont la popularité grimpante a de quoi effrayer, et la suite de mon article est le titre. 60 jours et 60 nuits comme le temps écoulé depuis mon atterrissage à Taoyuan International Airport à bord du vol FD3656 (pour ceux que ça intéresse). 60 jours et 60 nuits comme la moitié de mon expatriation qui vient de s’achever. Inutile de vous dire que je n’ai pas vu le temps passé.


Pour ceux qui ont suivi, la dose de découvertes que j’ai prise pendant tout ce temps a surement sa part de responsabilité dans cette « téléportation temporelle ». Franchement quand je pense à ce jour où j’ai rencontré Seth Gueko à CDG qui montait dans le même avion que moi pour la Thaïlande, jour qui marquait le début de mon périple, j’ai vraiment l’impression de m’être découvert le pouvoir de voyager dans le temps en un clin d’œil comme ce bon vieux Hiro dans Heroes. J’ai réinventé le TGV : « Travel à Grande Vitesse »… Bon, il est temps que j’arrête les jeux de mots foireux, mais c’est dire à quel point tout cela passe vite. Et je n’ai pas l’impression que ça va en s’arrangeant. Demain je décolle pour Bangkok d’où je prendrai le train après-demain pour aller au Cambodge avec Juliette.  Je reviens ici le 8 mai et il me reste encore toute une moitié de Taïwan à découvrir. D’un côté c’est le deal parfait : une moitié de séjour pour une moitié de pays. Emballé c’est pesé !


Je vais donc vous laisser sans nouvelles pendant une dizaine de jours. Vous me direz « bah on commence à être habitué feignasse ! », en pensant à mon rythme d’écriture qui lui a décidé de voyager en slow motion. Mais prenez votre mal en patience chers lecteurs (ça donne des frissons d’écrire ça je vous jure) car ce qui arrivera prochainement est plutôt prometteur. Et puis en attendant vous pourrez trouver votre bonheur sur ce blog.  Vous ferez le fier auprès de vos potes, vos collègues, les meufs/mecs que vous draguez, en glissant quelques infos que ces blogueurs fous vous révéleront sans relâche. Tant pis, je prends le risque de tous vous abandonner à leur profit car ce blog comporte un fort risque d’addiction. Que voulez-vous, quand on aime on ne compte pas ! 


mercredi 20 avril 2011

22 bougies en Asie

Depuis quelques années le 14 Avril devenait presque un jour comme les autres. Bien sûr,  je n’oublie pas le plaisir de recevoir les vœux des amis et de la famille, de savourer un bon gâteau maison avec Papa et Maman, de voir s’offrir un petit quelque chose en récompense d’avoir soufflé vos bougies… Ne croyez donc pas que je me morfonds sur mon sort pour cause d’anniversaire esseulé sans personne pour me le souhaiter. Que neni ! Tout de même, je dois vous avouer que le jour de l’anniversaire a perdu un peu de sa magie.


Retournons à l’école primaire par exemple.
L’époque où les deux jours que vous attendiez le plus dans l’année étaient Noël et votre anniversaire. Le second vous empêchait presque de dormir car il signifiait que vous deveniez officiellement « plus grand » (et ouais, +1 an on rigole plus). A l’école vous régaliez toute la classe à base de bonbecs et de gâteaux préparés avec Maman la veille. Et puis il y avait le goûter d’anniversaire à la maison où les plus VIP de vos potes étaient invités. Deuxième éclate de cochonneries et session jeux en tout genre dans le square de derrière… Ça me donne envie de rouvrir les albums photo d'un coup.

Au collège, c’est fini, plus de goûter.
Attends, il manquerait plus que ça ! On veut faire croire qu’on n’est plus des mioches, et on y croit dur comme fer. Il est donc proscrit de montrer toute nostalgie de la Primaire et de ses coutumes puériles (billes, Pogs, chât glacé,…). Essayez donc d’inviter vos potes de la 6ème 7 à un goûter le mercredi après-midi et vous passerez pour le Bisounours du collège entier jusqu’au lycée. C’est justement pour cela que l’anniversaire est aussi un jour déterminant au collège. C’est un pas de plus sur le chemin de la maturité qu’on croit gagner au nombre d’années. Pouvoir dire que vous avez 14 ans alors que la moitié de la classe en a que 13 et demi, ça fait de vous quelqu’un de respectable…   

Au lycée, on grandit un peu.
Dans la tête je veux dire. On remplit nos devoirs citoyens en luttant avec ferveur contre le CPE par exemple (haha !). On comprend que finalement l’âge n’est qu’un détail sans grande importance. On descend dans la rue car c’est insoutenable de laisser Fillon supprimer les TPE pour le Bac (double haha !). Bref, on ne cherche plus à croire qu’on est des grands car, pour le coup, on l’est vraiment. Et comme on est des grands on fête son anniversaire comme les grands. Et oui ! Le lycée c’est le début des soirées plus ou moins arrosées qui ont pour prétexte la célébration d’un anniversaire. Au passage, je me souviendrai toujours des doubles anniversaires avec mon frère Simon (aucun lien de parenté mais ça c’est un détail). Lui du 15 Avril, moi du 14. Le 2 en 1 parfait…


C’est simple, l’année de mes 18 ans a marqué la fin de ces anniversaires plein de fougue. La « der des der » j’ai presque envie de dire. Est-ce que l’Epée de Damoclès du vieillissement commence à faire son travail au point de m'ôter toute envie de célébrer ce beau jour ?... Mais non voyons ! Loin de moi cette angoisse de l’âge qui avance trop vite pour s'en rendre compte.



J’arrête là avec mon auto-psychanalyse biographique qui vous endort et je vous raconte ce qu'est l’art de célébrer votre anniversaire à Taïwan. Preuve à l’appui, mes 22 ans dernièrement fêtés à Taïwan qui m’ont redonné le goût du joyeux anniversaire !

Tout commence par cette incroyable surprise que l’on m’a réservée lors de notre cours d’échange linguistique. Pour info, on a un petit groupe d’étudiants taïwanais à qui on enseigne le français et qui essaye en retour de nous faire dire plus de trois mots de chinois. Bref, quand je suis rentré dans notre salle de travail je suis tombé nez à nez avec un gâteau coiffé de deux bougies et nos « élèves » qui chantaient en cœur « Happy birthday to you ». Je n’étais pas loin de lâcher une larme quand j’ai vu (ou que mon ventre a vu) les pizzas qu’ils ont fait livrer pour l’occasion. D’abord parce que c’est vraiment un très beau geste, ensuite parce que je prie à peu près tous les jours pour bouffer quelque chose bien de chez nous. Certes, la pizza n’a pas vraiment d’origine française mais elle l’est d’adoption en tous les cas. Quelques mois à Aix-en-Provence m’ont suffi pour m’y rendre accroc, avec un taff de plongeur en pizzeria aggravant mon cas de «pizzacomane». D’ailleurs, si vous cherchez un endroit sympa, vraiment chaleureux où l’on se régale à coup sûr à Aix, laissez-moi vous recommander La Familia, rue Boulegon. Mesdames, vous succomberez au charme irrésistible des gentlemen qui vous serviront. Messieurs, vous pourrez affirmer avec entrain « je me suis cassé le bide ! ». 




Cinq pizzas et un gâteau plus tard, je suis prêt à tout donner au karaoké. Bien que cela vous surprenne, cette deuxième étape n’avait rien d’une surprise. Melody, une amie que je ne vous présente plus, avait tout organisé une semaine à l’avance. Nous nous sommes donc réunis en petit comité dans un KTV, chaîne nationale de karaokés à Taïwan, où une salle privative avait été réservée, rien que ça.

Je m’arrête quelques instants sur cette activité qui évoque plus un thème de soirée de camping vendéen chez nous mais qui est une véritable institution ici. Le karaoké est un loisir très populaire dans plusieurs pays d’Asie, que l’on peut pratiquer dans des endroits complètement dédiés, comme les KTV à Taïwan par exemple. Je ne sais pas vraiment comment qualifier ces lieux puisqu’on peut y manger à volonté, boire un verre ou deux et bien sûr chanter, dans des salles privées ou ouvertes au public. En plus du bon moment passé avec mes amis, cette soirée fut aussi une vraie découverte. Je vous jure, quand on voit comment les taïwanais donnent tout à chaque chanson, ça surprend. C’est qu’ils sont doués en plus. Et ça part en duo fille-gars sur une chanson de variet’ chinoise à la Maurice Benguigui (aka Patrick Bruel). Tout le monde se met à s’exciter et sauter sur les canapés, tonnerres d’applaudissements et cris de groupies après chaque perf’… Une expérience en soi.

Sur la fin, j’ai eu le droit à la version chinoise de « Joyeux anniversaire » interprétée par Eddie, et des cadeaux de la part de tout le monde. Comme pour les pizzas, la larmichette n’était pas loin.




Aujourd’hui, j’ai encore eu une surprise d’une camarade de classe qui m’a offert un petit cadeau. Je crois d’ailleurs que c’est le mot qui résume au mieux mon 22ème anniversaire : la surprise. Celle qu’on a diaboliquement préparée dans votre dos pour le plaisir de voir votre visage exprimer étonnement, incompréhension et  joie à la fois… Pour le plus grand bonheur du surpris !

jeudi 14 avril 2011

Grandeur. Beauté. Bonheur

Ce titre me donne envie de partir en vers, d’envoyer des quatrains d’alexandrins, de jongler avec des rimes croisées, de faire danser les mots sous le son des allitérations (jamais je n’aurais cru employer ce vocabulaire un jour…). En réalité, ce n’est pas le titre en lui-même qui provoque un instinct poétique mais ce à quoi il se réfère.


Partir dans l’insouciance sans rien prévoir,
Voilà ce qu’il s’est passé dans nos vies ces derniers jours.
Revenir la conscience pleine d’images que vous peinez à croire,
Voilà qui donne matière à rêver pour toujours.


Ça y est, je crois que j’ai usé de mon stock de rimes. De toute manière je n’avais pas la prétention de vous conter ce morceau de vie, aussi poétique soit-il, à la V. Hugo. D’une, parce que dans quatre semaines et demie j’y serais encore. De deux, vu la pauvreté des pseudos vers que je viens de vous servir, il est préférable pour le bien de tous que je me cantonne à la narration.

Petite innovation tout de même puisque je vais laisser de côté le bon vieux récit chronologique pour une forme nouvelle d’écriture. Je vous résumerai notre dernier périple en trois grandes parties, chacune relative à l’un des termes du titre. Je pourrais d’ailleurs me contenter de vous laisser ces trois mots pour vous faire comprendre ce qui nous a mu et ému. Mais je connais votre appétit insatiable du détail alors vous ne demeurerez point sur votre faim quand ce texte trouvera sa fin.


GRANDEUR

J’ai appris que la Grandeur n’avait pas seulement un caractère physique. J’ai compris que la Grandeur pouvait aussi définir la force des qualités humaines d’une personne. Sauf qu’ici on ne raisonne pas à la marge car c’est un constat que l’on peut généraliser à l’égard du peuple taïwanais entier. Cette Grandeur humaine, qui n’arrêtera jamais de m’épater, a été notre fidèle accompagnatrice pour l’intégralité de notre expédition. Une compagnie pour le moins appréciable quand vous  arrivez dans une ville dont l’unique connaissance que vous avez est la brève description lue dans votre guide. D’une manière tout à fait naturelle on vous offrira gîte qu’elle que soit l’heure de la nuit ou du jour. Comme cette fois où nous sommes arrivés à Hengchun, petite ville à côté de Kenting, la station balnéaire au Sud de l’île dont la beauté fascinante a déjà eu droit à un article (cf. "Joindre les deux bouts"). L’ami d’un ami d’une amie nous a hébergés, restaurés pendant deux jours et, par la même occasion, enseigné une grande leçon de ce qu’on appelle Hospitalité.

Notre première étape à Kenting avait un dessein quelque peu festif car un gros festival musical,  le « Springscream » (Cri du Printemps), y était programmé pour le premier weekend d’Avril. Ce cri printanier taïwanais est en quelque sorte un échantillon de Springbreak américain. Des milliers d’étrangers, des teufs sur la plage, des concerts, des voitures à la Fast and Furious et une grosse ambiance de « tout est permis » pendant 48 heures.

[[Petite parenthèse pour ceux qui n’ont jamais entendu parler du Springbreak. C’est une coutume  américaine, qui s’observe en grande majorité chez la population estudiantine, consistant à festoyer intensément (pour rester poli) avant la préparation des examens de fin d’année. Le berceau de cette folie printanière est basé en Floride mais a tendance à s’exporter un peu partout dans le monde. Fermeture de la parenthèse]]

Cette fois la Grandeur était incarnée par cet énorme évènement fédérateur. La rencontre de milliers de festivaliers venus des quatre coins du monde sur une plage, non pas pour cramer sous les rayons du soleil mais danser sous ceux de la lune. D’une grande rareté, cette fiesta à ciel ouvert fut une expérience assez inouïe.





Mais l’immensité festive n’est rien comparée à l’éminence d’un accueil taïwanais. Ceci nous a été confirmé quand la ville Taitung et ses habitants nous accueillirent à « cœur ouvert ». Disons que les rencontres établies pendant nos trois jours sur la côte Est sont beaucoup trop fortes pour les restreindre à l’expression plus courante d’accueil « à bras ouverts ». Quand vous dîtes à un taïwanais que vous voulez voir du pays non seulement il excellera dans ce domaine mais il prendra aussi soin de vous faire vivre le pays. Il vous présentera à sa famille, qui vous invitera à dîner tout en vous proposant un hébergement et la visite guidée des moindres recoins de la région. Quand vient l’heure si redoutée du départ votre hôte vous laissera un souvenir trop grand pour tenir dans votre petite tête et un cadeau confectionné de ses propres mains… Vous retombez de très haut en retrouvant le béton et la grisaille de Taipei. Chute abyssale après une ascension humaine astrale.





BEAUTE

Aussi grande fut-elle, l’expérience humaine de notre séjour fut tout aussi belle. Mais qui dit séjour dit aussi rencontre avec de nouveaux paysages qui, vous le savez déjà, sont variés à Taïwan. Ceux de la côte Est nous étaient encore inconnus et la promesse d’un beau spectacle qu’on leur attribue a bien été tenue. La face Pacifique de l’île s’étend sur un territoire assez étroit, surmontée par la Cordillère centrale d’un côté et l’océan de l’autre. Vous ne savez donc quel côté admirer quand vous parcourez les routes qui traversent cette splendeur naturelle. Petit coup d’œil sur la droite : un océan déchaîné dont le fracas des vagues sur les rochers n’est pas loin de vous éclabousser. Rotation à 180 degrés : des montagnes abondamment boisées, partiellement cachées par une épaisse brume qui délivre un côté mystérieux à ces sommets rocailleux. Là vous vous dites que les caméléons sont chanceux.






 

 



La Beauté n’est pas seulement à voir. On peut la vivre. Un festival n’est pas qu’un rassemblement d’ivres. C’est une vraie heure de gloire. Celle de la musique qui nous envoie ses vibrations capables de faire danser à l’unisson une foule éclectique. A ce gros mouvement rythmique s’ajoute une touche artistique, celle des feux qui éclatent dans les cieux. Un instant de beauté festi-nocturne qui nous a envoutés jusqu’au lever du soleil. 
  




Je crains de subir des représailles d’une certaine personne en vous expliquant que la beauté a aussi (peut-être même surtout) un visage féminin à Taïwan… Mais je sais que ma bien-aimée ne m’en voudra pas pour cela. Et puis, Service Public oblige (je sais je l’ai piquée à Yann Barthès celle-là, mais je l’ai appelé et il était d’accord) je me suis promis de vous faire part aussi fidèlement que possible de mon périple. Je ne m’étalerai pas trop sur le sujet pour éviter de vraiment m’attirer les foudres de Juliette, alors comme à mon habitude je laisse vos yeux confirmer mes écrits.


 



BONHEUR

Tout comme la Grandeur humaine des taïwanais, le Bonheur nous a suivi partout pendant tout ce voyage. Le bonheur de se sentir comme à la maison grâce à une quasi intégration au foyer familial en guise d’hébergement. Le bonheur de rencontrer des gens toujours fascinés de faire votre rencontre. Et puis encore une fois, le bonheur de découvrir cette île pleine de belles surprises… Je pourrais encore écrire des pages de bonheur mais je préfère ne pas vous l’imposer car, je le sais, votre temps est précieux.


Je terminerai par une citation de mon pote, colloc et complice de tout ce voyage, David :

« Règle numéro 1 : toujours avoir un contact local. » 

Parce que l’on a été fidèle à ce fondement, nous avons connu un séjour plus qu’excellent.
Et puis on s’est mis d’accord sur la suite de cette théorie :

« Règle numéro 2 : toujours suivre la règle numéro 1. »